Suite au courrier qui m’était adressé par son chef de cabinet…
Monsieur le Président de la République
PALAIS de l’ÉLYSÉE
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 PARISMonsieur le Président de la République,
Je reviens vers vous après votre réponse portée par votre Chef de Cabinet. Je suis profondément touché et très honoré de l’attention particulière que vous avez portée à ma démarche et à mes réflexions.
En effet, si La Marseillaise historique demeure pour certains peuples d’aujourd’hui un symbole encore puissant, leurs citoyens sont souvent choqués par la signification des paroles, quand notre hymne leur est traduit. Vous soulignez la nécessité d’un effort de compréhension collectif et historique et je ne peux que rejoindre la justesse de vos propos. Cependant, l’histoire récente de la Shoah et des différentes épurations ethniques de notre siècle a donné un autre sens aux paroles de notre hymne, ce qui crée aujourd’hui un réel malaise difficile à ignorer.
Pour des enfants comme pour des nouveaux immigrants, et ne nous le cachons pas, pour beaucoup de français encore, le texte de notre hymne nécessite au préalable des efforts explicatifs pour mieux en saisir le sens, alors que les paroles devraient se suffire à elles-mêmes et permettre à l’émotion de nous envahir. Or aujourd’hui, c’est davantage le poids de l’histoire qui nous retient de revisiter notre hymne plutôt qu’un réel attachement à des paroles très éloignées des valeurs républicaines de notre époque. Sans doute est-ce pour cela qu’une partie des français se détourne de notre hymne ou éprouve des difficultés à le chanter. Une loi coercitive risque d’exacerber le problème.
Même, si aujourd’hui nous sommes nombreux à connaître la vraie signification des paroles, exempte de tout racisme, écrites par Rouget de Lisle, le cœur n’y est plus…
Même avec l’effort de compréhension historique auquel vous faites justement référence, l’histoire nous invitera tôt ou tard à recomposer les paroles de notre hymne ou même à en changer.De surcroît, inculquer un chant aussi violent et sanguinaire aux jeunes enfants, même entourés de réelles précautions pédagogiques, interroge nos responsabilités et notre projet éducatif collectif.
Oui, Monsieur le Président, « La liberté est un bien qui se conquiert et se défend » mais le courage et la vertu doivent être à la hauteur de nos responsabilités devant le monde.
La Russie a modifié les paroles de son hymne en Juillet 2002 tout en conservant la musique historique de Sakalowski…
Au peuple français aussi, cette question se posera bientôt sur le méridien de l’histoire. Voilà pourquoi je vous en propose une recomposition.Puissiez-vous être le Président qui permettra l’ouverture de cette indispensable réforme afin que le couplet historique soit confié au musée de la République avec tous les honneurs et l’immense respect que nous lui devons. Ainsi, nous français, indépendamment de nos origines, retrouverons la fierté de chanter cet hymne au sens renouvelé.
Recevez, Monsieur le Président de la République, l’assurance de mes plus respectueuses salutations.
Pierre MENAGER