Pourtant ce changement serait simple, possible et ne coûterait rien.
Ce petit geste ferait faire aux héritiers du siècle des lumières un grand pas vers l’humanité … et aiderait tous ces adolescents perdus qui vont rejoindre la barbarie (Daesh)…
Mais voilà, maintenant tous les partis : de gauche, du centre, de droite, du dessus, du dessous… se mettent à chanter ces mots abominables sans réaliser leur sens et ce depuis que des assassins (ne dites jamais terroristes) ont tué des hommes, des femmes et des enfants… des êtres sans défense , tous différents, mais tous enfants de la France.
Le 27 novembre 2015, François Hollande, depuis la cour des Invalides dans un remarquable discours profond et humaniste en hommage aux victimes des crimes de Paris, a mentionné l’importance de la Fraternité. Il a ajouté : (…) « ces rassemblements spontanés, ces foules qui chantent la Marseillaise; tout cela n’a rien à voir avec je ne sais quel instinct de revanche ».
Puis les premier et sixième couplets de la Marseillaise furent entonnés…
Le premier est le contraire de l’idée universelle de la Fraternité
Et le sixième couplet lui a répondu en écho : « Amour sacré de la patrie, Conduis, soutiens nos bras vengeurs » en un parfait paradoxe… Enfin est arrivé le refrain au sang impur…
Mais là, trop c’est trop.
Les mots ont-ils du sens ?
Depuis 2003 un quarteron de pseudo-historiens-essayistes, faussaires de l’histoire, a redonné un nouveau sens aux mots « qu’un sang impur abreuve nos sillons ». Selon eux, « le sang impur » serait celui des soldats français. Pourtant jamais Rouget de Lisle, monarchiste constitutionnel très engagé et ce jusqu’à la fin de sa vie, n’a imaginé en avril 1792 que « le sang impur » puisse désigner son propre sang ou celui de ses soldats (il s’est manifestement inspiré d’une ode très connue à l’époque, écrite par Claude-Rigobert Lefebvre de Beauvray en 1757).
Il existe une profusion d’écrits révolutionnaires, une abondante correspondance de Rouget de Lisle, des centaines d’ouvrages… qui rendent impossible toute erreur d’interprétation du sens.
« Le sang impur » montre clairement du doigt les ennemis de son époque (coalisés, émigrés, etc…). Il ne désignait pas uniquement les rois et non les peuples, comme je le lis parfois, mais aussi leurs représentants dont leurs soldats. Sous la Terreur révolutionnaire un glissement va s’opérer : le sang impur désignera celui des français, opposés aux idées et aux méthodes de la terreur, à l’intérieur du pays. Ce chant servira de toile de fond à la justice expéditive jusqu’à la fin de Robespierre (voir l’onglet Histoire).
Entre le 25 avril 1792, date supposée de la création de ce chant de guerre et 2003 (soit plus de deux siècles), jamais historien, écrivain (en dehors de quelques mots que Victor Hugo fait tenir à Gavroche), journaliste…ou document d’archive… n’ont mentionné que cette expression puisse désigner sérieusement le sang des patriotes français lors de sa création.
De tristes personnages néo-intellectuels, pour certains, aux idées proches du fondateur de l’actuel « Front National » ont été assez insensés pour imaginer que les chambres à gaz n’avaient jamais existé, ou ont minoré les assassinats de masse du siècle dernier.
Aujourd’hui le même révisionnisme concerne le sens du refrain de notre hymne national. Le sujet est tabou, personne n’ose le dénoncer car cette nouvelle explication arrange bigrement nos affaires de français. Elle remplace le sens original parfaitement monstrueux (on va faire avec nos ennemis du fumier, de l’engrais liquide pour la terre) par un sens nouveau (c’est notre sang de patriotes que nous offrons pour la liberté) !!! Tour de passe-passe énorme.
Cette idée révisionniste se répand depuis 2006 comme une traînée de poudre. Le site où vous lisez ces lignes a été créé en 2007. J’ai assisté impuissant à l’émergence progressive de cette « nouvelle vérité ».
Cette idée fausse, révisionniste, a envahi l’ensemble de la société française. Chacun n’hésite plus à la reprendre et affirme cette contre vérité sur tous les blogs d’internet traitant de ce sujet. La presse, le monde médiatique en fait de même. Certains personnages importants actuels de l’état n’écartent pas à leur tour cette nouvelle théorie.
Rares sont les historiens qui s’engagent contre cette supercherie qui apporte une réponse patriotique au malaise de beaucoup de Français vis à vis du refrain de leur hymne. Certains commencent à réagir et je les salue mais crains qu’il ne soit bien tard…En rappelant le sens initial des mots, nous nous faisons même qualifier « d’incultes » sur les blogs ou articles de presse traitant de ce sujet.
Aujourd’hui l’histoire de France serait-elle validée par le « nombre de vues » sur internet ? Le généticien Axel Kahn à qui je faisais remarquer son erreur sur la signification des mots sur sa page Facebook m’a répondu « qu’il était plus facile de changer le sens des mots de la Marseillaise que les mots eux-mêmes »…
Réponse stupéfiante pour moi, au terme de ce si long chemin de recherche…
Mais j’ai gardé encore de splendides découvertes sur le contexte de la création de ce chant de guerre (nom donné initialement par Rouget de Lisle) qui viendront bientôt fleurir ce site…
Désormais pour supprimer tout ce qui dérange notre conscience, il suffirait de changer le sens des mots. Tuer ne serait plus un meurtre, ni un viol appelé un crime… les chambres à gaz… seraient un détail de l’histoire…
Le sang impur n’est pas un détail de l’histoire. Ces mots ont été portés par un contexte particulier et ont un sens précis. Nous devons les assumer tels qu’ils sont, sans chercher à les travestir, ou alors … changeons-les !
Jamais ce monde ne m’est apparu aussi fragile, vulnérable, manipulable. Personne ne cherche à approfondir, vérifier ses sources…
Le mirage d’internet formate-t-il les esprits pour le meilleur ? … peut-être aussi pour le pire !
Pierre M.